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Une photographie, presque fortuite, condense l’idée que je me fais du travail de Laëtitia Pitz, de son théâtre, profond, intense, luxuriant, politique. Une image, hors du jeu, de celles, meurtries, imparfaites, que l’on choisirait de ne pas garder, de celles aussi dont l’écart, et la saveur enivrante des fruits talés, guident mon choix. Dans mon champ de vision, Laëtitia dévale les gradins, fin d’entracte et traverse le plateau, urgence à longues foulées vers Camille-Marguerite-Isabelle-Penelope-Rose, vers une table dressée de livres, flanquée au mur.
Quelque chose se compose dans le champ du viseur, dont je concède volontiers qu’il m’échappe, qui relève d’un envoûtement pyroclastique, entre Gehrard Richter, Roland furieux, Aby Warburg et Jérôme Bosch. Camera stregata. Le cadre formel de l’image collecte quantité de signifiants : disque lunaire -ce reliquat, à l’entracte, des lumières sublimes de Christian Pinaud, lignes angulées vif, tracées au sol. Court de tennis? Cunéiformes tracés à la craie? Tout aussi déroutantes, les lignes qui se prolongent au-dessus de la table aux livres, comme des rayonnages de bibliothèque. Univers? Non. Le monde marchand a avili le terme. Atlas cosmique.
Dans le lieu, feux public, la foulée de LP semble engager une ronde avec les quatre autres personnages qui apparaissent à l’image. Laëtitia rejoint Camille Perrin, tandis qu’un autre, torse bombé, s’élance, à la suite de l’ombre à qui l’on prêterait volontiers une même intention de rejoindre l’orbe.